Le dark Net sert aussi à communiquer sans être repéré »Claire Gerardin

DÉBATS VIE EN LIGNE « Le dark Net sert aussi à communiquer sans être repéré » TRIBUNE Claire Gerardin Consultante La consultante Claire Gerardin défend, dans une tribune au « Monde », l’usage des réseaux anonymisés, trop souvent assimilés aux activités criminelles par les gouvernements et les géants du Web. Publié le 12 novembre 2021 à 12h17 - Mis à jour le 13 novembre 2021 à 06h23 Temps deLecture 4 min. Partager sur Facebook Envoyer par e-mail Partager sur Whatsapp Plus d’options Article réservé aux abonnés Tribune. L’Internet avait pour but initial de décentraliser les échanges en partageant l’information. Il s’inscrivait dans un projet de rupture, qui promettait d’accroître les libertés individuelles et de promouvoir l’autonomie. C’est dans ce lieu de tous les possibles que l’on a trouvé une nouvelle inspiration après l’explosion de la bulle Internet, au tournant du siècle, et l’essoufflement de la société de services. L’Internet promettait d’être le nouveau moteur de croissance économique. Et comme les utilisateurs n’étaient pas prêts à payer pour consommer ces nouveaux services, les entreprises les leur ont proposés gratuitement, en échange de l’utilisation de leurs données à des fins publicitaires. Cette nouvelle économie est en train de nous faire basculer dans une société de services algorithmiques dont les dérives ont pour noms l’addiction, le non-respect de la vie privée, la surveillance ou encore l’influence comportementale. Dans ce contexte où l’Internet conditionne désormais la rentabilité de nos économies, est-il réaliste de le refonder pour retrouver son intention d’origine ? Nombreuses sont les initiatives qui tentent d’y parvenir. Par exemple, pour changer la donne en matière de confidentialité des données et rendre les échanges plus transparents, l’association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet La Quadrature du Net promeut la généralisation de l’utilisation des logiciels libres (open source), ainsi que les services décentralisés, comme ceux de la blockchain. D’autres, comme Panoptykon, une association polonaise de défense des libertés individuelles et des droits de l’homme qui milite contre le développement des technologies de surveillance, propose de ne plus laisser la possibilité aux entreprises de deviner qui nous sommes, mais de leur fournir directement ces informations sur une base volontaire. Lire l’entretien : Article réservé à nos abonnés « Le dark Web n’est plus un endroit aussi hermétique qu’avant » Mais on peut tout aussi bien utiliser le dark Net. Sur ces réseaux alternatifs, il est difficile de collecter des données personnelles et d’identifier les utilisateurs. Il en existe des dizaines, dont Tor, le plus célèbre d’entre eux, avec deux millions d’utilisateurs par jour. La France en est le sixième utilisateur au monde derrière l’Allemagne, les Etats-Unis, les Emirats arabes unis, la Russie et l’Ukraine, selon les Tor Metrics.